C’est un petit groupe qui, ce dimanche 26 avril 2009, part de Corbas direction l'Ile de la Table Ronde à Solaize. Il pleut depuis le matin. Avec décision, parfois avec précaution, nous suivons notre guide sur les sentiers détrempés où glissent de nombreux et magnifiques Escargots de Bourgogne (interdiction de les ramasser avant juillet).

A l'abri de son parapluie, notre guide nous montre le pilier de la Traille et son jumeau de l'autre côté du Rhône. Il nous en explique le rôle et le fonctionnement. Il y a aussi une grande "maquette" de la barque utilisée.

Nous cheminons sous le couvert des arbres, nous arrêtant pour écouter des chants d'oiseaux identifiés comme ceux du Loriot, du Troglodyte ou du Rouge-gorge. Nous repérons un nid de Milans noirs perché à la cime d'un arbre. Du côté du Rhône passent des vols de Martinets noirs sur le ciel gris. Des troncs d'arbres morts ponctuent les futaies. Le SMIRIL (1) exige qu'ils soient abattus s'ils sont trop proches du sentier par sécurité pour les promeneurs. Ceux qui sont plus à l'écart sont épargnés et servent de refuge à tout un petit peuple d'insectes et d'oiseaux. D'autres sont simplement ébranchés et servent aussi d'habitat. Si possible, les troncs abattus sont laissés sur place : ils abritent des insectes avant de se décomposer en humus.

A un détour et à l'écart du sentier, nous découvrons le premier "observatoire", joli abri en bois, semi-circulaire, d'où l'on peut observer une "lône" (2) créée et aménagée pour ré-attirer la faune des zones humides. Plus loin, nous nous arrêtons au deuxième observatoire installé à l'autre extrémité de la lône. Il permet, entre autres, d'observer des Martins-pêcheurs et des Castors. Nous repérons l'entrée d'un terrier-hutte. Mais point d'animaux ! Il pleut trop ?

Nous débouchons dans une prairie, vaste étendue cernée de futaies, ponctuée de "massifs buissonnants". Nous apprenons que ceux-ci sont rabattus dès qu'ils avoisinent les 2m50. Il y a donc trois strates de végétation : celle des herbes et graminées, la strate buissonnante et la strate arborée. Chacune étant le domaine d'une flore et d'une faune spécifiques. Plusieurs prairies se succèdent. Elles sont belles, colonisées par des graminées, égayées par des Euphorbes aux fleurs jaunes. Nous voyons quelques Orchidées "singes" et des Orchidées pourpres.

Dans l'une des prairies, des mares ont été aménagées. L'approche nous a permis d'apprécier un concert de coassements vigoureux donné par des Grenouilles vertes ou rieuses ! Une mare a 20 cm de profondeur pour attirer le Crapaud calamite, une autre entre 40 et 50 cm pour la Grenouille agile et la troisième 150 cm pour le Crapaud commun.

Plus loin, voici la ferme aux Loups (3) dont les ruines ont été consolidées par le SMIRIL. Elles sont protégées par de grands arbres. S’y dresse un petit bâtiment semi-enterré, restauré, qui fut peut-être une glacière. Nos tours et détours nous mènent sur la digue qui longe le canal du Rhône et doit protéger l'île d'une éventuelle montée des eaux. Nous avons traversé la tranchée du gazoduc, sorte de longue allée de pelouse entre des rangées d'arbres, le tout d'un vert adouci par le gris de la pluie…

Car il pleut toujours !!! Nous sommes trempés. Qu'importe, nous avons découvert le charme de l'Ile de la Table Ronde, entr'aperçu ses richesses, dans le calme d'un dimanche très humide. Nous n'avons pas vu de "table ronde" : est-elle magique ?

J.MARTIN-ROCA

(1) SMIRIL : Syndicat mixte des îles et lônes du Rhône, composé de 7 communes riveraines du Rhône, du département du Rhône et du Grand Lyon. Il gère cet Espace Nature des Iles et Lônes du Rhône. (2) Lône : bras mort du fleuve Rhône. (3) Ferme aux Loups : du nom des anciens propriétaires, Mr et Mme Loup